ECRITS LYCEENS

Trois lycées de la région stéphanoise, dont un lycée technique et professionnel. Des modalités de travail différentes (durée et nombre de participants variables), des déclencheurs d'écriture particuliers à chaque groupe. Les dispositifs dans lesquels s'inscrivent mes interventions sont eux-mêmes divers : Enseignement de spécialité, Option-Théâtre, Atelier de Pratique Artistique... Avec, dans tous les cas, un très fort investissement des professeurs.

Le texte "Un préambule" fit l'objet d'une mise en scène particulièrement acrobatique mais réussie par André Tardy, de la compagnie Acte-Contact.

Le texte « Une fille, sa mère », d'abord très confus, a dû faire l'objet d'un long travail de réécriture effectué par un très petit groupe d'élèves à partir de consignes formelles précises.

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UN PREAMBULE


Ce texte est le rassemblement et l'harmonisation, effectuée par mes soins, de productions éparses, fragmentaires mais riches en trouvailles de toute une classe.

Ils sont six, garçons ou filles, et sont nommés par des numéros (de 1 à 6).

L'espace qui leur est dévolu est extrêmement réduit et confiné.

4 : Huit mois.

2 : Pas tout à fait.

4 : A un jour près : huit mois !

5 : Et alors ?

4 : C'est long.

5 : Sûr ! Il serait temps...

2 : Héla, héla : on n'est pas mûrs !

1 : Parle pour toi.

3 : Il a objectivement raison : chaque chose en son temps.

1 : Mais j'étouffe, moi, ici.

4 : C'est la promiscuité : c'est pas prévu pour six, voilà !

5 : Au moins, on se tient chaud.

3 : Il paraît que certains sont tout seuls.

2 : Pas possible : les malheureux !

6 (à 3) : Comment tu sais cela, toi ?

3 : Un bruit qui court.

2 : Tout seul, j'aurais tellement peur...

5 : Tu t'y ferais : on se fait à tout.

1 : Taisez-vous : écoutez !

Voix de femme : Chéri, ils ont bougé.

Voix d'homme : Tu crois ?

Voix de femme : Pose ta main là.

Voix d'homme : Ici ?

Voix de femme : Oui.

(1 donne un violent coup de pied.)

Voix d'homme : Hé ! Quelle énergie !

Voix de femme : Tu vois ?

4 (à 1) : Tu pourrais prévenir, quand tu fais un truc comme ça !

1 : C'est parce qu'ils m'énervent : toujours à nous guetter, nous surveiller...

6 : Vous avez entendu leurs voix ?

4 : On connaissait déjà.

6 : Oui mais là, ils étaient, ils étaient...

3 : Emus. C'est normal.

6 : J'aimerais savoir quelle tête ils ont.

5 : Tu le sauras bien un jour.

1 : Bientôt !

4 : Et tu seras déçu, c'est sûr.

2 : Mon dieu, pourquoi dis-tu cela ?

3 : On est toujours déçu. On projette, on suppose, on suppute. Et après...

5 : Oh moi, je ne projette rien. Je profite, c'est tout. Ici, on est logé, nourri...

4 (En nage) : Et chauffé !

5 : Et chauffé, oui. Alors ce qui va suivre, je m'en fiche.

6 : Mais bon sang, tu n'as pas hâte de savoir ?

5 : Demain sera un autre jour.

2 : Oh oui, oh oui !

6 : Enfin nous n'allons pas moisir ici éternellement !

1 (à 6) : Laisse tomber, tu n'en tireras rien. Et console-toi en te disant qu'on n'a pas choisi nos coéquipiers. C'est la règle du jeu. Une règle idiote.

3 : Là, on pourrait discuter : en fonction de quoi peux-tu affirmer que... ?

4 : Un peu de silence, qu'au moins on puisse dormir !

4 : On est serré.

1 : De plus en plus serré.

3 : C'est parce qu'on se développe..

6 : On grossit.

4 : On prend du volume.

5 : On s'étale un peu, quoi, On s'épanouit.

3 : C'est indéniable. Par conséquent, je suggère que nous changions quelque peu de position.

1 : Enfin une bonne idée.

2 : Oh non !

4 : (à 2) Et pourquoi pas ?

2 : J'étais habitué, comme ça.

1 : Procédons méthodiquement. Je commande la manœuvre. Pas d'objection ?

4 : Vas-y, on verra bien.

1 : OK. Le 5 : ne bouge pas.

5 : J'aime mieux ça.

1 : Le 2 : à gauche du 6.

2 : A... à gauche ?

1 : Tu y vois un inconvénient ?

2 : Euh, non ...

1 : Le 3 derrière le 2, le 4 au dessus, le 6 : penche-toi un peu, le 5 et le 2 : échangez vos places. Voilà : bon, je m'y mets aussi.

4 : Aïe, doucement, quelle brute !

5 : C'est vrai, quoi, on n'est pas pressé !

(Petit silence)

4 : On n'est pas mieux.

3 : Franchement, l'amélioration est négligeable.

2 : C'est même pire !

1 : Bon : on recommence. Le 3 : par là, le 6 : devant, le 4 : ici, le 2 : dans ce sens, le 5 : dans l'autre ; et moi : exactement là. Hop !

Tous : Aïe, aïe, aïe...

4 : Cette fois, ça suffit : je sors !

6 : Oh oui, oh oui, allons voir !

4 : Tous derrière-moi : on y va.

5 : On va où ?

4 : Comment, on va où ? On sort, c'est tout !

5 : Et par où ?

3 : Il faut bien reconnaître que c'est assez mal indiqué...

4 : Riez toujours : nous trouverons bien.

(4, 1 et 6 tentent de trouver la sortie.)

2 : (à 3) : Vous croyez qu'ils trouveront ?

3 : Je ne sais pas.

2 : (à 5) Et vous ?

5 : Aucune idée.

2 : Mais alors, ils peuvent ?...

3 : Possible.

2 : Mais s'ils trouvent, s'ils sortent, nous serons obligés nous aussi de...

3 : Probable.

2 : Mais non ! Non !

5 : Du calme : ils ne sont pas encore sortis.

2 : Si jamais ils...

3 : Oui ?

2 : Si jamais ils réussissent, euh, promettez-moi...

5 : Oui ?

2 : Promettez-moi d'essayer de rester, d'essayer de tenir, avec moi !

3 : Difficile de promettre : on ne sait pas vraiment comment ça se passe.

5 : Et puis on s'en fiche, non ? Pour l'instant, rien n'arrive.

3 : Laissez-les s'agiter : ça ne les mènera pas loin.

Voix d'homme : Chérie, ça ne va pas ?

Voix de femme : J'ai un peu mal. Tu crois que... ?

Voix d'homme : Mais non, nous n'en sommes qu'au huitième mois. Ca va passer, allonge-toi.

(Les six effectuent alors une rotation à 90°)

4 : C'est plus difficile, maintenant.

6 : C'est décourageant.

3 : Ainsi va la vie : tout n'est pas rose et qui rit vendredi dimanche pleurera.

1 : Qu'est-ce que tu en sais ?

3 : La rumeur, toujours. Vous comprenez pourquoi je ne suis pas forcément pressé de sortir ?

2 : Et moi non plus, oh non, moi non plus !

6 : Si au moins on pouvait voir !

5 : On peut entendre, c'est pas mal, non ?

(On entend à l'extérieur des bribes de variété internationale.)

3 : C'est peut-être même regrettable.

5 : On est là, tranquille, on prend du poids...

4 : Et du volume. Pousse-toi !

1 : C'est vrai, écartez-vous : qu'on puisse au moins respirer !

6 : (à 4) Huit mois, tu disais ?

4 : (à 6) A peu de choses près.

6 : Donc, encore un mois. Pfffff...

4 : (à 6) Rien n'est joué. Attendons un moment plus propice et nous tenterons une autre sortie. En attendant, prenons des forces.

5 (L'entendant) : Bon programme.

(4 et 6 haussent les épaules, mais finalement tous s'endorment.)

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ORPHELINS


Travail d'écriture en duo, interrogé très souvent par des essais sur le plateau (les élèves ont une bonne pratique du jeu) et repris, réécrit. Il y a chez les deux participants une recherche de réalisme dont ils perçoivent tout de même les limites : ils ne veulent pas faire, disent-ils, du « théâtre-documentaire » (dixit les notes prises par le professeur).

Deux grands ados : Lucie et Fred.

Lucie : Oh non, pas les baskets !

Fred : Quoi, les baskets ?

Lucie : Ca ne va pas avec le reste. Avec le costume, avec la chemise blanche.

Fred : C'est des Nike. Neuves. Cent trente euros.

Lucie : Mets tes chaussures noires.

Fred : Pas cirées.

Lucie : S'il te plaît, Fred...

Fred : Et pourquoi il faudrait s'habiller comme un vendeur de voiture, pour ces occasions-là ?

Lucie : Je voudrais tellement que tout soit bien !

Fred : Laisse tomber, ça suffira comme ça : il n'en demande pas tant... Et il n'en mérite pas plus !

Lucie : Encore cette histoire ! Tu es fou ! Tu es complètement fou ! Enlève-toi cela de la tête, tu entends ! Arrête, arrête maintenant, surtout maintenant : il n'y était pour rien !

Fred : Il avait bu.

Lucie : Non ! Il a dit que non ! Eux aussi ont dit que non !

Fred : Ils disent ce qu'ils veulent. Et lui...

Lucie : Fred, non, pas aujourd'hui au moins ! Je n'en peux plus... (elle se jette dans les bras de son frère) Qu'est-ce qu'on va faire, maintenant ?

Fred (échappant à l'étreinte de Lucie) : Allons, tiens-toi.

Lucie : C'est bête : je voudrais qu'on soit tous les quatre comme avant, ensemble...

Fred : Pas moi.

Lucie : Comment tu peux dire ça !

Fred : Tu n'as jamais pris de baffes, toi.

Lucie : Tu les cherchais.

Fred : En général, non. Après l'accident, oui.

Lucie : Tu es fou : ce n'était pas de sa faute, c'était un accident, c'est tout !

Fred : On n'a qu'à dire comme ça : on dit comme ça depuis dix ans et tout le monde s'en fout.

Lucie : Arrête, Fred, arrête...

Fred : D'accord. Mais je garde les Nike. Et pas de cravate.

Lucie : Qu'est-ce qu'on va faire ? On n'a personne...

Fred : ..............

Lucie : On a l'appartement, sûrement un peu d'argent... Je ne sais pas. Je voudrais dormir.

Fred : Pension de réversion, cinquante pour cent, tu es majeure : pas de problème. Moi, je suis apprenti : ça pourrait rouler.

Lucie : Tu as pensé à tout cela...

Fred (ricanant) : Tu voulais que je pense à quoi ? Tout baigne, tu vois. Enfin presque...

Lucie : Fred, on a dit que... !

Fred : Cet appartement, moi je peux plus. J'ai envie d'y foutre le feu.

Lucie : Fred, c'est chez nous !

Fred : Chez toi, peut-être. Chez lui, sûrement.

Lucie : Ne recommence pas, Fred, s'il te plaît... Ils ont dit d'être là-bas à trois heures.

Fred : Attends. (Il se débarrasse de son veston et passe un vieux blouson.) Prêt pour les condoléances. C'est parti.

Lucie : Mais il n'est que deux heures...

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UNE FILLE, SA MERE


Ce texte est le résultat d'une écriture collective « à contraintes ».

Ouverture(monologue croisé)

Fille : Bouger. Un peu. Peut-être.

Mère : Son regard. Ce vide.

Fille : Penchée en avant, on décolle un pied.

Mère : Quand on ne parle plus, quand on ne veut plus parler, ou presque, il devrait rester au moins le regard...

Fille : Passage délicat, limite chute. Et retour à l'équilibre : le premier pied se pose, l'autre est déjà levé : c'est simple.

Mère : Des tas de gens vivent ensemble sans se parler. Ils se débrouillent autrement : ils lisent leur visage, leurs gestes...

Fille : C'est simple à faire. Il faudrait juste se demander pourquoi on le ferait.

Mère : Ils s'aiment, ils ne s'aiment pas, on ne sait pas. On sait seulement que c'est possible d'être là, ensemble. Possible et essentiel.

Fille : On essaie de s'en empêcher, mais rien à faire : on se le demande toujours.

Mère : Essayer d'être ensemble. Essayer.

On ne se le dira jamais  (faux dialogue)

Fille : Tu es là, solide, pesante, utile. Chacun de tes gestes est utile, produit quelque chose : de la propreté, de la nourriture préparée, du tricot... Je ne t'ai jamais vue faire de tricot mais tu aurais pu : une maille après l'autre, avec une régularité de machine.

Tu occupes ton espace, beaucoup d'espace, avec une légitimité de fait : tout justifie ta présence. Tu es indispensable.

Moi, je suis sur les marges. La maison, le monde me tolèrent. Je ne leur suis rien, je ne leur suis pas nécessaire, ils vivraient très bien sans moi.

Mère : Epaules basses, poitrine rentrée, bras ballants, vacante toujours. Avec pourtant, de temps à autre, des velléités incompréhensibles, des élans soudains, vite interrompus. Avortés. Et tout retombe dans l'immobilité, l'absence.

Tu n'es pas là. Comme si c'était ailleurs que tout se passait. Dans des lieux dont tu m'interdis l'accès. De quel droit ? Je ne les mérite pas ? Je ferais tache ? Honte ? Honte, voilà : c'est pire que tout.

On se parle (tentative de vrai dialogue)

Mère : Je vais laver le carrelage. Tu vas devoir te pousser.

(La fille se déplace un peu.)

Là aussi, je lave.

(La fille hausse les épaules.)

Bon d'accord, je commence par là. Laisse-moi seulement passer.

Fille : Tu préfères que je sorte.

Mère : Non non, c'est seulement pour...

Fille : Alors je sors.

Mère : Je ne t'ai pas demandé de sortir !

(Elle inspecte le carrelage.)

C'est là qu'il est tombé. Le carrelage est toujours ébréché, mais ça s'use, ça s'arrondit : plus d'angles vifs... Hé, où vas-tu ?

Fille : Laisse. (Elle va sortir.)

Mère (Elle se précipite et lui barre le passage) : Reste ! Tu sais bien que je n'en parle jamais, d'habitude. C'est seulement ce carrelage ébréché qui... Mais c'est fini. Reste. Je lave, c'est tout.

Et puis tu as raison : je ne voudrais pas que tu penses que je te retiens, que tu te sentes obligée. Ce serait bête, non ?... Tu n'aurais pas grandi ? On dirait que tu as encore grandi. Tu as pourtant fini de grandir, je crois...

Fille : Arrête !

Perspectives (monologues croisés)

Fille (Elle regarde les nuages, en marchant très lentement juste au bord du plateau.) :

Celui-la va vers l'est. Ou le nord-est. Pas d'importance. Il va, il s'allonge, il s'effiloche, il se disperse en dix, cent, mille petits nuages. Flocons. Il a disparu. Fondu dans le ciel. Invisible mais encore là, sûrement. Présent partout, maintenant.

Je sais : Il avait besoin qu'on s'occupe de lui. Bien plus que de moi, rien à voir : moi, j'étais... normale ! Et pourtant...

C'est comme un voile très fin, ça ne cache pas le bleu : ça l'assourdit, c'est tout.

Mère : J'ai beau laver, relaver, laver encore, il y a toujours quelque chose qui persiste. Quelque chose que je suis sans doute la seule à voir. De l'imparfait, de l'inachevé qui me tient les yeux au sol, et pour longtemps. Je ne veux pas croire qu'on ne se parlera plus. Elle s'éloigne : j'ai tous les torts.

Fille : C'était lui, par la force des choses. Je le savais. Mais savoir n'arrangeait rien. Savoir n'arrange jamais rien. Se boucher les oreilles, fermer les yeux. Les yeux fermés, je vois un nouveau nuage se former à l'ouest. Encore bas sur l'horizon, un peu rosé : c'est déjà le soir. Il va tenir longtemps. Ou pas. (Elle trébuche) J'aurais pu tomber. Je peux tomber. Si je veux.

Mère : Je n'avais pas le choix. Urgence pour lui, urgence au quotidien. Elle, elle grandissait toute seule. Elle en avais l'air, en tout cas. Elle il me restait à peine le temps de faire le minimum...

Bon, je ne lave plus. Tout ça va sécher...

Fille : Je peux aussi me retenir. M'accrocher, peut-être. Faire l'effort, encore quelque temps.

Mère : Tout va sécher : il faut encore un peu de temps, c'est tout.

Fille : Après, tout sera plus facile. On parie.

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LES RESULTATS DU BAC

Un long travail d'improvisation a nourri ce texte.

Personnages :

  • la mère

  • le père (Gérard)

  • Cécile

  • Mathilde

La mère : Il est plus de dix heures. Dis-lui, toi !

Le père (il lit un journal de sport) : Hein ?

La mère : Cécile !

Cécile : Mouais, qu'est-ce qu'il y a ?

La mère : Comment, qu'est-ce qu'il y a ? Demain, il y a le bac, voilà ! Et il est plus de dix heures !

Mathilde (ôtant un instant les écouteur de son baladeur de ses oreilles) : On pourrait pas éviter de crier, non ?

La mère : Parle-moi sur un autre ton, tu veux !

Cécile : On se calme : demain, c'est pas le bac, c'est les résultats du bac. Nuance.

La mère : Ne discute pas, Cécile. Tu vas énerver ton père. Déjà qu'avec la télé en panne...

Mathilde : Une chance : il aurait pu aussi s'arrêter de fumer ; alors là, bonjour !

Cécile : Ouais, depuis le temps qu'il en parle.

La mère : Dix heures et quart ! Gérard, dis quelque chose !

Le père : Quoi ?

La mère : Dix heures et quart ! Et Cécile qui...

Le père : La paix ! Tu vois bien que j'essaie d'arrêter de fumer.

Mathilde : Ben voilà, tout arrive !

Le père : Si tu crois que c'est facile, et en plus, sans télé !

Mathilde : Effectivement : la totale.

Le père (replongeant dans son journal) : Ca demande de la concentration.

La mère : Tu vois, Cécile : ton père a besoin de calme.

Le père : C'est ça.

La mère : Alors va te coucher.

Cécile : Je me suis couchée à neuf heures pendant toute une semaine : ça suffit comme ça !

La mère (au bord des larmes) : Tu ne te rends pas compte.

Cécile : Mais maman, demain c'est les résultats ; les ré-sul-tats ! Les épreuves, c'est fini !

La mère : C'est important, le bac, c'est...

Mathilde : Surtout que pour certaines les résultats sont aussi une épreuve !

Cécile : Qu'est-ce que tu dis, là ?

Mathilde : Rien.

Le père : Bon dieu, j'ai envie de fumer...

Mathilde (ironique) : Tiens bon, papa.

Cécile : Mathilde, tu as dit quelque chose !

Mathilde : D'accord. Tu n'as pas trop bossé, cette année, hein ?

La mère : Mathilde ! Ne la décourage pas, ce n'est pas le moment !

Mathilde : C'est fini, le bac, maman, alors je peux bien... Elle a pas eu des bulletins terribles...

La mère : Elle a été malade !

Mathilde : Tu parles.

La mère : Elle a eu des contrariétés, du chagrin...

Cécile (à Mathilde) : Ton bac à toi, c'était limite, non ?

Mathilde : Limite peut-être, mais je l'ai eu !

Cécile : Pour ce que tu en fais !

La mère : Ah non : vous n'allez pas recommencer avec ça ! C'est... c'est en attendant ! Gérard !

Le père : C'est de plus en plus dur. Si encore on avait la télé ! On a téléphoné, pour la télé ?

Mathilde : Ils viennent après-demain.

Le père : Bon sang : deux jours !

Mathilde (à Cécile) : J'avais besoin d'un break, après la fac. Tu peux pas comprendre.

Cécile : La fac ? Tu y es restée trois mois !

La mère : Y a pas de sots métiers ! Et puis il y a la promotion interne ; avec le bac, c'est...

Cécile (à Mathilde) : C'est ça, elle a raison maman : tu finiras caissière-chef..

Mathilde (furieuse, à la mère) : Fais-la taire !

La mère (à Cécile) : Ton père aussi a travaillé très jeune...

Le père : Seize ans !

La mère : Et tu vois...

Cécile (tristement ironique) : Je vois, oui. Je vais me coucher, tu as gagné. (Elle sort.)

La mère (à Mathilde) : Elle est bizarre...

Mathilde : C'est le bac. Elle l'aura pas.

La mère : Mathilde !

Mathilde : Ca va, ça va maman, je plaisantais. Bon, demain je travaille, moi... (Elle baille, puis sort.)

La mère : Je ne sais pas ce qu'elles ont. Le bac, moi, j'aurais bien aimé le passer. Enfin : essayer. Seulement, voilà... Enfin... Je ne sais pas ce qu'elles ont. Gérard, tu devrais leur... Gérard ?

(Mais le père s'est endormi sur son fauteuil, son journal sur le visage. La mère hausse les épaules. Elle allume une cigarette puisée dans le paquet du père ; elle tousse : visiblement, elle n'a jamais fumé).

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LE TRAVAIL

Deux femmes (A et B) assises devant leur téléphone. Elles ne sont pas dans le même espace.

A : Ils n'appelleront plus.

B : Sonne, allez sonne !

A : Je compte jusqu'à dix, et à dix ils appellent.

B : Tu vas sonner, dis, tu vas sonner ?

A : Non, jusqu'à sept, plutôt, c'est un bon chiffre.

B : Sonne mon mignon, mon câlin, mon téléphonou, mon petit amour de télephon, mon téléphonetton...

A : Pas treize, tout de même : trop grave, treize ; trop tout ou rien.

B : Sonne, merde !

A : Neuf, voilà. Neuf, c'est tout neuf, ça ne sert jamais, on n'a jamais entendu quelqu'un dire « je compte jusqu'à neuf », on n'a jamais essayé.

B : Je t'implore, je te supplie, je me traîne à tes genoux !... Les genoux d'un téléphone : voilà où j'en suis !

A : Moi, j'essaie : à neuf, il sonne : un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept... huit... neuf.

B : Et toujours rien.

A : Rien.

A : Quarante ans. Je vais avoir quarante ans. Dans trois jours. Ils me l'ont dit, à l'agence : quarante ans, ça fait seuil psychologique. Après quarante ans, ou ça passe, ou ça casse. Et souvent...

B : Une place à prendre. Un emploi. Un seul. Ca ne court pas les rues, les emplois, ici. Il faut être à l'affût, aux aguets, ne jamais rater la petite annonce. Et foncer.

A : Mais je me sens bien. Je suis bien. Je suis en pleine forme. Jamais malade. Pas une petite migraine. Et toujours disponible... Pour être disponible, on peut dire que je le suis.

B : J'avais prévu le coup, je savais qu'elle tiendrait pas, la nouvelle. Toute la journée debout, les rouleaux de linoléum à porter : faut avoir des jambes !

A : La petite, je savais qu'elle allait lâcher : je la voyais, en passant, s'appuyer au comptoir. Et le soir, quand elle baissait le rideau de fer, la pauvre... Moi, rien ne m'abat. Si : ne rien faire, ça, ça me tue.

B : Elle a été embauchée parce qu'elle est jeune et qu'elle présente bien. Enfin, faut la voir à l'heure de la fermeture... Moi, évidemment, question décoration...Je ne suis pas plus mal qu'une autre, hein, mais je ne dirais pas que le client entre dans la boutique pour mes beaux yeux. Moi... Quand je dis moi, je devrais dire nous. Parce qu'on était deux sur le coup, en plus de la petite.

A : Quand elle a été prise, celle-la, j'en aurais pleuré. Ca faisait un an, jour pour jour, que Bernard était parti. Avait foutu le camp. En me plantant là comme une nouille. Je commençais un peu à refaire surface et là... ! Tu parles d'un anniversaire.

B : Il y avait Huguette. Il y a toujours Huguette. Pas plus pin-up que moi, Huguette, pas cover-girl pour deux sous. Et même, entre nous, plus démolie que moi. Affaissée, voilà, affaissée.

A : Josiane non plus n'a pas été prise. Pour ça, je n'étais pas inquiète, elle n'avait aucune chance : c'est le genre à faire fuir le client. Elle devrait le savoir, à la fin : elle ne devrait plus se présenter pour des boulots où on est en contact avec le public. Mais elle est là, elle est toujours là. Pourvu que cette fois... Mais non, je me fais du mal pour rien.

B : Elle a quarante ans. Enfin presque. Moi, trente-huit, bien tassés. Il paraît que je ne les fais pas. Je la connais depuis longtemps, Huguette : déjà toute petite, elle faisait vieux. On était à l'école ensemble, au catéchisme ensemble, à la natation ensemble. Natation synchronisée, bien sûr. Ca, pour être synchro, on est synchro, Huguette et moi ! Hé, mais si elle avait... ?

A : La place de, comment on dit déjà, voilà : technicienne de surface, femme de ménage quoi, chez les notaires, elle me l'avait soufflée, Josiane. Là, c'était pour faire les bureaux le soir, quand il n'y a personne, alors elle pouvait prétendre... enfin, c'était possible, il n'y avait pas incompatibilité.

B : Synchro, et à un point ! Quand son homme est parti, le mien, enfin presque le mien mais il n'allait pas tarder à le devenir, le mien : pfffft ! Disparu. Pas douées pour la romance, les deux nageuses !... N'empêche, j'aimerais bien savoir : s'il n'y avait pas ce téléphone, j'irais lui tirer les vers du nez.

A : Là, elle n'a aucune chance ; elle n'aura même pas essayé. Quoique... Je l'appellerais bien, mine de rien, mais non : il ne faut pas que ce téléphone soit occupé. Pas maintenant. Surtout pas maintenant...

B : Sonne ! Tu ne comprends pas que ça devient urgent ? Plus de six mois sans boulot : tu devrais comprendre ça !

A : S'il faut en croire l'agence, ou il sonne maintenant, ou il ne sonnera plus jamais. C'est clair. C'est terrible.

B : Ca ne tient qu'à un fil. Un coup de fil. Je la hais, Huguette. Même affaissée, elle garde des airs d'avoir été. Moi, j'ai l'air... Bon, ça va.

A : Si Josiane est candidate, si elle était prise, je... Mais non, pas possible ! Heureusement : je crois que je serais capable de la tuer... Je dis n'importe quoi, je deviens folle.

B : Le téléphone va sonner, là. De toute façon, je ne lui laisse que cinq minutes. Montre en main. Après...

A : Mais non : ce sera moi. On va m'appeler. Je ferme les yeux jusqu'à ce qu'on m'appelle. Et si jamais...

B : La natation synchronisée, tu fais ce que tu as à faire. C'est précis, technique : plongée, apnée, retournement, surgissement. Dans ta tête, tu comptes : un deux trois quatre, gauche, un deux trois, jambe droite tendue. Tu ne vois jamais le résultat, les figures d'ensemble. Forcément. Tu sais que tu participes à un truc qui te dépasse, avec du monde autour. Et là, maintenant, je participe à quoi ? Pour un peu, j'en serais à me demander si j'existe.

A : On allait à la piscine ensemble pour les entraînements. On avait commencé toutes petites. J'aurais eu largement le temps de la noyer ! Non, je rigole. Ce qu'il y a, c'est qu'elle me ressemble trop. C'est moi dans le miroir : mêmes galères, même déglingue ; tout en double, figure double, comme en natation synchro. Vous reprendrez bien encore un peu de déveine ? Si si, resservez-vous : il reste un fond de solitude et une bonne louche d'abandon, ne vous faites pas prier : quand il yen a pour une, il y en a pour deux.

B : Voilà. On attaque la dernière minute. Respirons.

A : Toujours rien. Maintenant, je vais ouvrir les yeux. Pourquoi faire ?

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UN PERE

A partir d'une situation donnée (le retour annoncé à ses filles d'un père ayant quitté le foyer), quatre petits groupes se mettent au travail. On réécrira beaucoup, on nettoiera les premiers jets jusqu'à l'os avant d'essayer de les enrichir en travaillant la langue et la différenciation des personnages.

1- OUBLIER, PEUT-ETRE... (UN PERE version 1)

Louise : Il a appelé hier.

Noémie : Qui ?

Louise : Ben...

Noémie : Lui ? C'est lui, hein ?

Louise : Oui.

Noémie : Pourquoi ?

Louise : Pour prévenir.

Noémie : De quoi ? On s'en fout, de ce qui peut lui arriver. On s'en fout, tu entends ?

Louise : C'est bon, j'entends.

Noémie : Hé, attends : qu'est-ce qu'il lui arrive encore ?

Louise : Rien, il ne lui arrive rien.

Noémie : Alors quoi ?

Louise : Il vient.

Noémie : Il vient ? ! Il vient ici ? Mais quand ?

Louise : Aujourd'hui, là, tout a l'heure.

Noémie : On s'en va. Dépêche-toi.

Louise : Pour une fois, on pourrait...

Noémie (hargneuse) : Ouais ? On pourrait quoi ?

Louise : Je... je sais pas, on pourrait... oublier un peu.

Noémie (sournoise, tout en enfilant son manteau) : Oublier, c'est ça ; dis-moi ce qu'il faut oublier.

Louise : Tu veux que je ...

Noémie (brutale) : Et bien vas-y, accouche !

Louise : Euh... Quand il rentrait fatigué...

Noémie : Fatigué ? Comme c'est joliment dit !

Louise : Quand il rentrait ivre.

Noémie : Continue !

Louise : Quand il rentrait ivre, le soir...

Noémie : Tous les soirs.

Louise : Non, pas tous les soirs, on ne peut pas dire qu'il...

Noémie : Tous les soirs ! De plus en plus tard. Maman, parle de maman.

Louise : Maman ? Oh non, arrête, ça ne sert à rien...

Noémie : Maman.

Louise : Elle attendait. Elle attendait assise. Les mains sur les genoux. Le regard fixe. De plus en plus vide. Pendant des heures. Même nous, elle n'arrivait plus à nous voir. On sentait qu'elle faisait des efforts, pourtant. Je... je ne l'ai jamais vu pleurer.

Noémie : Il y a longtemps qu'elle ne pleurait plus. Qu'elle avait dépassé les larmes. Allez, on y va ! (elle jette à Louise son manteau).

Louise : Attends, il n'y a pas que ça.

Noémie : La clé ! Où as-tu mis la clé ?

Louise (précipitamment) : Il y a aussi les balades en forêt sur ses épaules, le piano à quatre mains, les...

Noémie : Les balades, il te faut les doigts d'une seule main pour les compter ! Donne-moi cette clé !

Louise (lui donnant la clé) : Merde, Noémie, on n'a qu'un père.

Noémie : Moi, je n'en ai plus. Ou pas encore : trop tôt peut-être. Reste si tu veux. Salut.

(Noémie ouvre la porte et la referme vivement)

Noémie : Il est là. Il est dans l'allée. Il ne bouge pas. On dirait qu'il attend.

Louise : (elle va sortir mais interrompt son mouvement.) : Je... je ne saurai pas, je ne sais pas quoi dire.

Noémie : Il pourrait aider, aussi ! Faire un geste, un sourire au moins.

Louise : Je crois qu'il ne peut pas.

Noémie : Tu vois bien qu'il n'a pas changé !

Louise : Non, c'est le contraire !

Noémie : Va savoir...

Louise : Alors qu'est-ce qu'on fait ?


2- A CHACUN SES RAISONS (UN PERE version 2)


(Louise achève la lecture d'une lettre)

Ninon : Alors ?

Louise : Il veut nous revoir. Toutes

Noémie : Trop tard.

Louise : Pourquoi ? Pourquoi trop tard ? Pourquoi tu dis trop tard ?

Noémie : Tu me demandes pourquoi !

Ninon : Restons calmes, ça ne sert à rien de crier comme ça. Chaque fois qu'on parle de lui, c'est la même chose.

Noémie : On n'en parle pas ! On n'en parle jamais !

Louise : On devrait, pourtant...

Ninon : Oui. Calmement. En adultes.

Noémie : Peuh !

Ninon : Il avait peut-être ses raisons...

Noémie : Maman aussi avait ses raisons !

Louise : Elle n'a rien fait pour le retenir. Rien. Et tu le sais bien.

Ninon : On peut pas savoir.

Louise : Toi, tu peux pas savoir : tu étais trop petite.

Noémie : Au moins, elle, elle nous a pas laissé tomber !

Louise : Lui non plus.

Noémie : 11 ans ! Il est parti il y a 11 ans ! Si ce n'est pas de l'abandon, ça !

Ninon : Aujourd'hui, il veut nous revoir, il est là.

Louise : On a un père. Et c'est lui..

Noémie : Plus maintenant.

Ninon : Il a changé, peut-être.

Noémie : Pourquoi veux-tu qu'il ait changé ! Tu n'en sais rien !

Louise : Toi non plus !

Ninon : Ca ne sert à rien de crier comme ça. Alors, qu'est-ce qu'on fait ?

Noémie : Rien.

Louise : Un père, on n'en a qu'un !

Ninon : On essaie, on verra bien.

Louise (montrant la lettre) : C'est lui qui fait le premier pas, c'est lui qui demande.

Noémie : Nous, ça fait 11 ans qu'on demande un père !

Noémie : C'était la fête des pères. On lui avait acheté un cadeau. Un porte-clés, en cuir. Louise disait : chaque fois qu'il ouvrira sa porte, il pensera à nous. On avait su son adresse, je ne sais plus comment mais il faut croire que ce n'était pas difficile. Il n'était pas là. On a attendu longtemps sur le palier. Ninon était encore petite, elle s'est endormie, le cadeau à la main, papier rouge et ruban doré. On a du partir avant la nuit. Le cadeau ? On l'a laissé devant la porte.

Louise : Il n'est pas parti, non : il a été comme effacé. Elle, elle prenait toute la place : ses gestes, ses paroles, son rire, ses parfums occupaient l'espace. Recouvraient tout. Avec l'air qu'elle apportait du dehors, des boutiques de mode et des salons de thé. Elle revenait à la maison toujours à l'heure et pourtant comme par hasard, comme par étourderie, resplendissante et distraite. Nous, on en était toutes éblouies. Lui, c'est simple, il n'existait plus. Tout occupée d'elle-même, elle ne le voyait pas. Il essayait pourtant de lui parler, de son travail, de nous, de... Puis il n'a plus essayé. Il s'est tu. On ne l'a plus vu.

Ninon : Je ne sais pas ce qu'il faut faire. Ce qui est juste et ce qui ne l'est pas. Je sais qu'il y a cette lettre, c'est tout. Et qu'il ne faut compter que sur nous-mêmes.

Ninon : Donne la lettre. (Louise la lui donne) Un numéro de téléphone, c'est tout !

Louise : C'est son écriture.

Noémie : Qu'est-ce tu en sais ? Son écriture, il y a 11 ans qu'on ne l'a pas vue !

Ninon (son portable à la main): On peut tenter... ?

Noémie : Non.

Louise : Oui.

Une classe de Seconde. La moitié des élèves sont mal-entendants mais pour la plupart appareillés et le professeur n'a que très rarement recours à la langue des signes. Nous sommes à la fin des années 80. Nous procédons de la manière suivante : les élèves improvisent, j'écris, ce que j'écris est retravaillé collectivement. Le texte complet sera mis en scène à Lyon, au Théâtre des Ateliers. En voici quatre extraits, bien dans l'air du temps, je crois. Enfin, de ce temps-là (il y sera aussi question aussi bien d'un saxophone que de Rimbaud ou de Paris-Première...)

AIGUILLAGES

Sur le quai d'une petite gare, Elsa et Vim ont l'air d'attendre depuis longtemps.

Vim : Dis quelque chose.

Elsa : ......................

Vim : Mais enfin parle ! Dis quelque chose !

Elsa : Où es-tu ?

Vim : Ici, devant toi. Tes lunettes ! Je n'ai jamais compris pourquoi tu ne portes jamais tes lunettes. Tu as peur que ça te rende moche, c'est ça ?... Hein ? C'est ça ?

Elsa : Bon d'accord : c'est ça.

Vim : Ouais. C'est autre chose, hein ? Explique-toi. Parle !

Elsa : Pourquoi faire ?

Vim : Pour casser ça ! Ce silence ! Je le déteste, ce silence ! Il faut qu'on me parle, que je parle, qu'il y ait du bruit autour de moi ! Du bruit et de la vie ! Là, comme ça, c'est comme si j'étais seule ! Tu me laisse toute seule. Alors je n'arrête pas de penser, de me poser des questions. C'est terrible.

Elsa : Quel genre de questions ?

Vim : Des questions qu'on se pose quand on est seule et qu'on ne se poserait pas si on ne l'était pas... Bon, OK, en me posant des questions sur mes questions, tu me parles : alors je ne suis plus seule, donc je n'ai plus de questions.

Elsa : Pas sûre d'avoir tout compris, mais il doit y avoir une logique dans tout ça... Toujours pas de train.

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Elsa : C'est quand mes parents ont divorcé que je suis devenu bigleuse. Myope. J'avais huit ans. Tout est devenu trouble. C'était pas plus mal : la plupart du temps, le monde gagne à ne pas être vu, non ?

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Vim : Plus tard, je voudrais être dans l'humanitaire. Dans une ONG. Aider les gens, tout ça...

Ed : Peuh, ça ne sert à rien.

Vim : Quoi ? Vacciner les enfants, nourrir les affamés, soigner les malades, ça ne sert à rien ?

Ed : L'humanitaire, c'est de la charité. Quand les ONG s'en vont, les sécheresses, les famines, les guerres, tout recommence ! Les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres. Elle n'empêche pas ça, l'action humanitaire. Jamais.


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Elsa : Vous êtes qui, vous ?

Dedieu : Dedieu, lampiste.

Elsa : Le train va bientôt passer ?

Dedieu : Quel train ?

Elsa : Le prochain.

Dedieu : Quelle destination ?

Ed : Ailleurs !

Flo (à tous) : Laissez, il n'est pas au courant. Pensez donc : lampiste !

Dedieu : Annecy, départ : 12h 33 ; Genève-Eaux-Vives, arrivée : 13h 45 ; Port-Bou, départ : 10h 27, arrivée à Barcelone : 12h 19... Vous pouvez aller n'importe où : je connais les horaires, tous les itinéraires, du plus simple au plus compliqué, du plus rapide au plus touristique, du plus utile au plus agréable. Mais la destination, hein, je ne peux pas l'inventer : c'est vous qui choisissez. Quoique la destination, la destination précise, le but, après tout, c'est théorique : qui peut savoir si on y arrivera vraiment ?

Elsa : Nous voilà bien avancés ! Pas clair, tout ça.

Dedieu : Aux Chemins de Fer, on ne nous demande pas d'être clair, on nous demande seulement de vous faire préférer le train. Et puis d'éviter que vous sautiez en marche, si l'envie vous en prenait. Sauter en marche, ça fait désordre. Bon voyage.


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